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Un composant électronique TapTempo avec Chisel3

Le «défi TapTempo» a été lancé sur LinuxFr il y a quelques semaines. L’objectif est de réaliser la mesure du tempo de l’appui sur une touche et de l’afficher simplement dans la console le résultat. La mesure du tempo s’effectue par défaut sur 5 appuis consécutif et affiche une moyenne en bpm (Beats Per Minute). L’idée est de réaliser la fonction dans divers langages informatiques pour que chacun puisse promouvoir son langage favoris. Beaucoup de langages ont été représenté jusqu’à présent, mais aucun langages de description matériel n’avait encore été proposé.

Pour palier ce gros manquement dans les langages représenté je vous propose ici de réaliser TapTempo en Chisel (version 3).

Architecture générale

L’idée ici n’est donc plus d’écrire un programme pour calculer le tempo mais de décrire l’architecture d’un composant matériel permettant de réaliser la fonction. Le matériel visé sera un FPGA, nous laissons de coté le développement sur ASIC. Même si une fois terminé il ne devrait pas y avoir de problème pour être porté sur un ASIC, si quelqu’un a suffisamment d’argent pour le claquer dans ce genre d’ânerie 😉

Le bloc fonctionnel de notre composant sera donc constitué d’une entrée button recevant le signal de l’appui sur un bouton permettant de faire le tempo. Dans un premier temps nous laisserons de coté les problèmes de métastabilité ainsi que de rebond. L’implémentation réel dans un FPGA nécessitera obligatoirement l’ajout d’un étage de synchronisation du signal d’entrée avec l’horloge ainsi que d’un bloc «anti-rebond», aucun bouton réel n’étant capable de faire un signal vraiment propre.

La sortie du bloc sera constitué d’un entier non signé bpm dont nous allons discuter la taille ci-dessous.

Et comme nous somme dans un FPGA il est indispensable de concevoir notre fonction synchrone d’une horloge, et souhaitable d’avoir un reset général.

Structure interne

La structure interne de TapTempo est donnée ci-dessous:

L’idée est de compter des ticks générés par timepulse au moyen du compteur count. Quand un appui sur le bouton est détecté, le compteur se remet à zéro et la valeur est enregistrée dans le tableau countx. À chaque coup d’horloge l’addition des 4 valeurs count est réalisée puis on divise par 4. La division par 4 est réalisable dans un FPGA au moyen d’un simple décalage à droite de 2. Vient la partie la plus compliqué : se servir de cette période moyenne pour diviser TMINUTE et obtenir la valeur du tempo en bmp.

Un peu de dimensionnement

On ne fonctionne pas dans un FPGA comme on fonctionne avec un pc, quand on fait des opérations sur des nombres il faut les dimensionner. Et il est fortement recommander d’utiliser des entiers, car le calcul flottant nécessite tout de suite une quantité de ressources phénoménale.

Notre objectif est de mesurer une cadence musicale en bpm que l’on puisse «taper à la main», si l’on regarde l’article wikipedia consacré au Tempo, on se rend vite compte qu’attendre les 200bpm est déjà pas mal. Disons que pour prendre une très large marge nous mettons la marge supérieur à 270bpm. Nous aurons donc en sortie une variable entière sur 9bits ( int(ln2(270))+1).

À 270bpm, le temps entre deux tempos est de ~222ms ce qui nous donnerais une fréquence de pulse de 4.5Hz. Cependant, si nous voulons une précision de 1bpm il va falloir augmenter cette fréquence , pour avoir un chiffre rond nous prendrons un temps de 1ms, soit une fréquence de 1kHz. Ce qui est un peu juste pour 270bpm, mais conviendra à la démonstration.

Décomposons le code

Le code se trouve sur le dépôt github suivant.  Nous allons décrire la description du module à proprement parlé qui se trouve ici.

Dans l’entête du module nous allons retrouver le port d’entrée button ainsi que le port de sortie bpm. Point d’horloge ni de reset ici puisqu’en Chisel ces signaux sont implicite.

// default clock 100Mhz -> T = 10ns
class TapTempo(tclk_ns: Int, bpm_max: Int = 270) extends Module {
val io = IO(new Bundle {
// val bpm = Output(UInt(8.W))
val bpm = Output(UInt(9.W))
val button = Input(Bool())
})

Quelques constantes qui nous servirons ensuite :

  /* Constant parameters */
  val MINUTE_NS = 60*1000*1000*1000L
  val PULSE_NS = 1000*1000
  val TCLK_NS = tclk_ns
  val BPM_MAX = bpm_max

  /* usefull function */
  def risingedge(x: Bool) = x && !RegNext(x)

Pour notre générateur de pulses il suffit d’utiliser une classe présente dans la bibliothèque «util» de chisel : Counter. Qui comme son nom l’indique … compte !

import chisel3.util.Counter
[...]
  val (pulsecount, timepulse) = Counter(true.B, PULSE_NS/tclk_ns)
[...]

Ce compteur prend en paramètre un signal de comptage (ici true.B -> compte tout le temps) ainsi que la valeur max à atteindre.
L’instanciation de l’objet retourne un compteur ainsi qu’un signal qui passe à ‘1’ quand le compteur se remet à zero (quand il dépasse la valeur max).

Ce signal timepulse sera ensuite utilisé par un deuxième compteur 16 bits tp_count que nous allons écrire «à la main» cette fois.
On défini d’abord le registre de 16bits que l’ont initialise à 0 (0.asUInt(16.W))

  val tp_count = RegInit(0.asUInt(16.W))

Puis on écrit le code décrivant le «comptage»:

  when(timepulse) {
    tp_count := tp_count + 1.U
  }
  when(risingedge(io.button)){
    // enregistrement de la valeur du compteur.
    countx(count_mux) := tp_count
    count_mux := Mux(count_mux === 3.U, 0.U, count_mux + 1.U)
    // remise à zéro du compteur
    tp_count := 0.U
  }

Ce deuxième compteur compte les pulse «timepulse» et se remet à 0 lorsqu’un front montant est détecté sur le bouton (quand on appuis sur le bouton).

Pour stocker les 4 valeurs permettant de réaliser une valeurs nous déclarons un vecteur de registres de 19 bits (pour gérer les retenues quand nous ferons l’addition):

  val countx = RegInit(Vec(Seq.fill(4)(0.asUInt(19.W))))

Ainsi que le «pointeur» :

  val count_mux = RegInit(0.asUInt(2.W))

La gestion de l’incrémentation du pointeur ainsi que de l’enregistrement du compteur se trouve dans le code du «compteur de pulse» que nous avons vu plus haut:

    // enregistrement de la valeur du compteur.
    countx(count_mux) := tp_count
    count_mux := Mux(count_mux === 3.U, 0.U, count_mux + 1.U)

Pour faire la somme rien de plus simple, il suffit de faire ‘+’ :

  val sum = Wire(UInt(19.W))
[...]
  sum := countx(0) + countx(1) + countx(2) + countx(3)

Et la division par 4 se résume à un décalage:

  val sum_by_4 = sum(18, 2)

Et nous arrivons à la partie la plus compliquée du design : diviser. Diviser est quelque chose de très compliqué dans un FPGA, on peut réaliser un design permettant d’effectuer une divisions en plusieurs cycles d’horloge, mais c’est tout de suite une très grosse usine à gaz.

Pour la division permettant de faire la moyenne des échantillons nous nous en étions sortie en faisant une division par une puissance de 2, qui se résume de fait à un simple décalage. Mais cette fois on ne pourra pas s’en sortir avec ce genre de pirouette. Car notre division à réaliser est la suivante :

   Nombre de pulse dans une minute
-------------------------------------  = valeur en bpm
moyenne des pulses mesuré (sum_by_4)

Pour nous en sortir la première idée serait de faire une table de valeurs pré-calculée pour chaque valeurs de  sum_by_4. Ce qui se fait très simplement en scala avec une séquence :

val x = Seq.tabulate(pow(2,16).toInt-1)(n => ((MINUTE_NS/PULSE_NS)/(n+1)).U)

Sauf que le nombre de valeurs est particulièrement grand (2^16) et qu’on pourrait certainement factoriser un peut tout ça.

Pour réduire la taille ne notre tableau il faut prendre le problème à l’envers: combien de valeurs possible puis-je avoir en sortie ?

La réponse est simplement 269 puisque je peux aller de 1 à 270bpm. Nous allons donc réaliser un vecteur de 270 valeurs contenant la valeurs minimum du compteurs permettant d’atteindre notre résultat. Et nous mettrons ces valeurs dans 270 registres.

  val bpm_calc = RegInit(Vec(x(0) +: Seq.tabulate(bpm_max)(n => x(n))))

Pour obtenir la valeur finale il faut ensuite générer 270 inéquations ayant pour résultat un vecteur de 270 bits :

  for(i <- 0 to (bpm_max-1)) {
    bpm_ineq(i) := Mux(sum_by_4 < bpm_calc(i), 1.U, 0.U)
  }

Le résultat correspondra ensuite à l’index du dernier bit à 1 dans ce vecteur.

Pour récupérer cet index, une fonction très utile est fournie dans la bibliothèque «util» de chisel : le PriorityEncoder. Qui permet d’obtenir l’index du plus petit bit à 1 dans un vecteur… sauf que nous on veut le plus grand !

Mais ce n’est pas très grave, il suffit de retourner le vecteur avec Reverse puis de faire une soustraction pour avoir le résultat :

  io.bpm := bpm_max.U - PriorityEncoder(Reverse(bpm_ineq.asUInt()))

Simulation

Le test permettant de simuler le design se trouve dans le fichier TapTempoUnitTest.scala

Il peut être lancé avec la commande sbt suivante :

sbt 'test:runMain taptempo.TapTempoMain --backend-name verilator'

Et les traces VCD générées sont disponible dans le répertoire ./test_run_dir/taptempo.TapTempoMain962904038/TapTempo.vcd

Visualisable simplement avec gtkwave.

gtkwave ./test_run_dir/taptempo.TapTempoMain962904038/TapTempo.vcd
Trace vcd de la simulation TapTempo

À suivre

Pour être vraiment complet il faudrait ajouter la gestion des rebonds ainsi que la synchronisation du signal d’entrée puis tester la synthèse. Mais ce sont de nouvelles aventure qui continuerons peut-être dans un prochaine épisode 🙂 .

SymbiFlow, vers la synthèse libre pour la Série7 de Xilinx

Le projet IceStorm permettant générer des bitstreams à partir du verilog vers les FPGA ICE40 de Lattice étant maintenant très avancé, W.Clifford se lance avec d’autres dans le reverse-ingineering des FPGA de la Série 7 de Xilinx.

Pour cela, un nouveau projet nommé SymbiFlow est créé pour fédérer les différents outils permettant de développer autour des FPGA de Xilinx. L’objectif à terme étant d’intégrer également les ICE40 à SymbiFlow.

Le projet inclut un sous projet nommé sobrement «Project X-Ray» permettant de documenter les différents éléments du FPGA Artix7 sous forme de carte en ASCII et HTML. Se sous-projet vise à documenter le FPGA mais également à fournir des outils permettant de piloter Vivado avec des design simplistes permettant de générer des statistiques sur les bitstreams générés et approfondir la documentation.

Un des gros changement de SymbiFlow par rapport à Icestorm est la volontés de migrer le placement-routage de arachne-pnr vers VPR. Un sous-projet de VTR développé depuis bien plus longtemps que Arachne-pnr.

Vu le succès remporté par le projet IceStorm, avec la quasi totalité des FPGA ICE40 documenté ainsi que leurs timings, on peut espérer voir arriver rapidement une chaîne de développement libre pour les FPGA de la Série 7 de xilinx. Et voir ainsi le développement open-source sur FPGA devenir une réalité.

 

NVC, l’autre simulateur VHDL libre

Dans le domaine de la simulation libre du VHDL, on connait bien le simulateur GHDL qui est basé sur GCC, on connaît un petit peu le simulateur FreeHDL inclus dans le logiciel graphique de simulation électronique Qucs, mais on connaît moins le simulateur NVC qui pourtant est en train de faire son petit bonhomme de chemin.

NVC est écrit en langage C pur et compilé par défaut avec le compilateur LLVM concurrent de GCC. L’avantage de NVC par rapport à GHDL: c’est un programme indépendant de son compilateur là où ghdl n’est qu’une couche de GCC. Ce qui simplifie grandement la compilation de l’outils.

NVC n’a pas encore atteint sa première version stable, cependant le rythme des commits laisse penser que cela va venir. Et surtout il est déjà utilisable en l’état dans sa version git «master» .

L’outil a été intégré dans la partie VHDL du blp, il s’utilise de la même manière que ghdl avec une phase d’élaboration puis d’analyse avant d’être lancé en simulation.

Pour simuler le testbench permettant de tester le module anti-rebond du blp nous ferons les commandes suivantes dans le répertoire vhdl :

  • analyse
nvc -a ../test/test_button_deb.vhd ../src/button_deb.vhd
  • élaboration
nvc -e button_deb_tb
  • simulation (run)
nvc -r button_deb_tb -w

L’option de simulation -w permet de générer un fichier de sortie (*.fst) pour être lu par gtkwave.

IceStudio, du schéma au verilog

IceStudio est un logiciel graphique permettant de concevoir un design FPGA à la manière d’un schéma électronique.

Le logiciel est encore largement expérimentale (version 0.2) et centré sur les FPGA ice40 de chez lattice.

En fait, IceStudio se veut une extension graphique au projet IceStorm — chaine de synthèse/place&route/bitstream opensource —.

Architecturé en javascript autour de Nodejs, le logiciel permet de dessiner son projet au moyen de blocs reliés entre eux par des signaux.

icestudio-0.2-crono_

Les blocs peuvent être pris dans une librairie fourni avec le logiciel, mais il est également possible de créer des blocs «vierges» dans lesquels on écrira le code verilog correspondant au comportement souhaité.

icestudio-0.2-counter-inspection

Le format de sauvegarde du projet est en  JSON, un outils de conversion permet ensuite de le transformer en code Verilog pour la synthèse.

Installation

Pour l’installer nous aurons besoin du paquet «npm» :

sudo apt-get install npm

Puis de télécharger le projet git:

git clone https://github.com/FPGAwars/icestudio.git

Et enfin de lancer la commande d’installation comme décrite dans le README.md:

cd icestudio
npm install

Pour l’exécuter lancer simplement

npm start

Et si comme pour votre serviteur, cela ne marche pas du tout 😉 allez plutôt chercher la release sur https://github.com/FPGAwars/icestudio/releases. Dézippez la

unzip Icestudio-0.2.0-beta2-linux64.zip

Puis lancez le simplement :

./Icestudio

Le projet est encore jeune mais très prometteur.  Espérons que nous verrons rapidement l’intégration de nouvelles plateformes/FPGA, voir une version FPGA-Agnostic.

 

De beaux chronogrammes avec Wavedrom

wavedrom est une librairie html/javascript permettant de faire de superbes rendu de chronogrammes.

La syntaxe en JSON est relativement simple et permet de créer très rapidement des chronogrammes dans sa page web.

<script type="WaveDrom">
{ signal : [
{ name: "clk", wave: "p......" },
{ name: "bus", wave: "x.34.5x", data: "head body tail" },
{ name: "wire", wave: "0.1..0." },
]}
</script>

Si l’on souhaite faire une utilisation hors ligne de wavedrom il est possible de télécharger l’éditeur sur le site. L’éditeur permet de faire des modifications du code json avec le rendu en live. Il permet également d’enregistrer le rendu sous un format image pour que l’on puisse incorporer le chronogramme dans son document.

wavedromeditor

Très pratique pour écrire ses documents de spécification.

Non non, vhd2vl n’est pas mort, contrairement à ce qui a été dit dans l’article de description du projet. Son auteur Larry Doolittle a publié une nouvelle version 2.5 l’été dernier (2015).

Et pour simplifier le développement collaboratif de ce programme un github a été ouvert. Comme il le dit sur sa page personnel du projet, Larry souhaite simplement intégrer son outils dans icarus (vhdlpp) de manière à pouvoir faire de la simulation VHDL avec. Mais pour faire une simple conversion VHDL->Verilog, vhd2vl est toujours d’actualité.

Fizzim, des machines d’états sans se fatiguer

Fizzim est un petit logiciel graphique écrit en Java permettant de dessiner des machines d’états. Ce qui le différencie des autres logiciels de «dessin» c’est que Fizzim est capable de générer le code Verilog et/ou VHDL synthétisable correspondant.

fizzimtest

Installation

L’archive est disponible sur le site officiel. Pour l’installer sous Linux, il suffit de la télécharger et de la dezziper dans le répertoire de son choix :

$ mkdir fizzim
$ cd fizzim
$ wget wget http://www.fizzim.com/mydownloads/fizzim_520.zip
$ unzip fizzim_520.zip

La documentation est disponible sous la forme d’un pdf. C’est un programme écrit en java il faut donc lancer «l’executable» avec la machine virtuelle java :

$ java -jar fizzim_v14.02.26.jar

Fizzim enregistre ses projets avec un format *.fzm. Pour générer du code Verilog ou VHDL il faut utiliser le script perl fourni :

$ perl fizzim.pl < test.fzm > test.v

Pour le VHDL faire:

$ perl fizzim.pl -language VHDL < test.fzm > test.vhd

Un petit programme qui ne paye pas de mine mais qui est bien utile, surtout que le développement FPGA fait un usage intense des machines d’états.